Quenelle Auvelais: « Nous ne sommes pas antisémites »

La petite formation de Quenelle Auvelais, fondée cette saison et qui évolue en P4 namuroise, pensait vivre une saison bien tranquille entre potes d’enfance, jusqu’à ce que la polémique autour de la fameuse «quenelle» rendue célèbre par l’humoriste français Dieudonné M’bala M’bala n’amène un certain attrait pour ce club malgré lui. Avec son jeune C.Q. (22 ans) et joueur Bryan Mercier, citoyen de Jemeppe-sur-Sambre, nous avons voulu savoir comment et pourquoi lui et ses équipiers avaient opté pour cette dénomination.Comment est né votre club?
Cela fait sept ans que nous jouons au football en salle avec plusieurs amis dans la Basse-Sambre. Nous avions arrêté voici deux ans. On s’est toutefois vite aperçus que cette discipline nous manquait. Nous avons alors décidé de fonder notre propre club et de repartir au bas de l’échelle en P4.
L’origine de votre dénomination fait-elle référence à la «quenelle» inspirée par Dieudonné?
Pas mal de nos joueurs ont toujours apprécié l’humoriste. Certains ont même été le voir en spectacle l’année dernière en France. Un de nous a trouvé ce mot «quenelle» drôle et les autres ont suivi le mouvement. Mais à l’époque, soit avant la reprise du championnat en septembre 2013, nous ignorions forcément l’envergure que ce terme allait prendre.
Ignoriez-vous sa signification?
Lorsque nous avons opté pour ce nom, c’était plus pour rire qu’autre chose. Pour nous, ce geste était juste une façon plus originale de faire un bras d’honneur. Il ne faut pas chercher plus loin. Puis, toute cette histoire a pris soudainement une ampleur qui, désormais, nous dépasse. Chacun de nous garde son opinion sur Dieudonné, mais je tiens absolument à préciser que nous ne sommes pas antisémites. Mon frère et moi qui faisons partie de l’équipe sommes d’ailleurs basanés. On ne laissera jamais place au racisme au sein de notre club.
Vous est-il déjà arrivé lors d’un match de fêter l’un de vos buts d’une «quenelle»?
J’avoue qu’entre nous, pour rigoler et bien avant que ce geste ne soit largement médiatisé, cela nous arrivait parfois lors d’un échauffement. Mais je le répète, c’était juste pour se marrer sans penser à la moindre connotation extrémiste que certains y trouvent. Désormais, on fait évidemment très gaffe, car on ne veut heurter personne.
Des adversaires rencontrés lors de vos rencontres vous ont-ils déjà fait des commentaires négatifs par rapport avec votre dénomination?
Nullement. Que du contraire. On en sourit ensemble. Cela permet ainsi de créer des relations chaleureuses avec ceux-ci. Jusqu’à présent, nous n’avons reçu aucune remarque désobligeante.
Avez-vous déjà néanmoins songé à changer de nom dans l’optique de la saison prochaine?
On a déjà évoqué la chose, sans l’approfondir car finalement, qu’avons-nous à nous reprocher? Rien. On s’appelait déjà comme cela avant que ne débute le championnat et rien ne laissait supposer que cela allait prendre une telle tournure quelques mois plus tard. On fera toutefois le point en fin de saison, car nous ne voulons quand même pas que notre réputation de club sympathique soit bafouée.
Comment se passe, sportivement, votre saison?
Auparavant, dans nos clubs précédents, notre but était chaque fois de terminer le plus haut possible dans le classement. Cette fois, nous avons créé ce club uniquement pour nous amuser sans aucune pression. Nous pointons dans le ventre mou. Celui qui ne sait pas se libérer ne sera jamais sanctionné. On prend les matchs les uns après les autres, qu’importe le résultat final.

Recueilli par Nicolas TOUSSAINT